Au programme, excursion sur la journée à Nara. À une distance d’une trentaine de kilomètres, le trajet en train d’une petite heure est plutôt pratique est agréable, à condition d’avoir une place assise. On sort de l’agglomération urbaine, le paysage est plutôt agréable.


Nara est connue comme une ancienne capitale du Japon, au 8ème siècle. Suivront ensuite Kyoto et Tokyo. Résidence impériale à cette époque, elle en garde des lieux exceptionnels considérés comme des trésors nationaux.

Les deux plus connus et visités sont Todai-ji (東大寺) ou Grand temple de l’Est et le parc aux daims. Mais la ville abrite aussi l’un des sanctuaires Shintô les célèbres du pays Kaisuga Taisha, mon coup de cœur.


La plupart des lieux à visiter se trouvent dans ou aux alentours du parc, de qui rend la journée très agréable. L’accès par la gare est très simple il suffit de suivre une rue droite pour atterrir dans le parc et de toute façon tout est très bien indiqué.



Les daims de Nara


Très rapidement on voit apparaître les premières frimousses des daims. Il faut dire qu’ils sont tout aussi farouches qu’intéressés. Les petits stands de ventes de « biscuits pour daims » ne sont jamais bien loin et les touristes ne se privent pas pour leur offrir un morceau pour décrocher une photo.


Comme le montre une mamie vendeuse de gâteaux (la retraite à 65 ans c’est inconnu en Asie, il suffit de traverser une rue), ils savent même incliner la tête et la secouer pour obtenir plus de gâteaux. La première fois, pas le temps de dégainer le smartphone pour la vidéo, alors le touriste stupéfait s’exclame et en redemande.


En tout cas, ils ont plutôt l’air d’être en bonne santé et pas mécontent d’être là. Et c’est plutôt original et agréable de déambuler autour de ces gracieux cervidés. Ils ont d’ailleurs l’oeil très entraîné pour détecter qui est porteur ou non des fameux biscuits. Aucune agressivité, le pa-ra-dis à côté des macaques!


Pour l’aspect plus historique, la présence des daims précèdé et de loin, celle des touristes.


Des textes littéraires mentionnent leur présence dans la forêt entourant le sanctuaire Shinto dès les XIèmes et XIIèmes siècles. Considères comme des messagers des dieux, ils bénéficiaient du statut de divinité et en tuer un était passible de la peine de mort, jusqu’en 1637, dernière application connue de la loi.


Ils perdent ce statut divin à la fin de la seconde guerre mondiale suite à l’adoption de la constitution de 1947, mettant officiellement fin au shintoïsme en tant que religion d’état.



Le Todai-ji (東大寺)


Todai-ji (東大寺) désigne en réalité un très grand centre religieux dédié à l’etude des différents courants bouddhistes au Japon.


La visite est composée du Daibutsu-den (大仏殿 - Salle du Grand Bouddha), la plus grande structure en bois du monde, abritant une statue d’un Bouddha assis de 16,2 m, et de son enceinte.


Le bâtiment actuel est d’un tiers plus petit que l’original du 8ème siècle, ravagé plusieurs fois par les flammes il a été reconstruit suivant les mêmes principes.


La visite dans le temple consiste à déambuler dans le sens anti-horaire autour du Bouddha central entouré de deux Boddhisattva de taille plus modeste. Il y a également d’autres statues disposées sur les côtés.


Personnellement, j’ai apprécié la structure tout en bois du bâtiment, les petits détails de consructions, les décors sur les tuiles, ou encore les explications sur le shibi. Il s’agit de la tuile decorative que l’on trouve par paire, placée sur le toit. Elle semble avoir souvent une forme cornue et peut représenter toutes sortes de monstres, animaux mythologiques, ... Le choix dépend du type de bâtiment et du commanditaire.


La visite du temple comprend également de nombreux panneaux explicatifs plutôt bien conçus et fournis, c’est assez appréciable pour comprendre le fonctionnement du temple.


La visite du temple peut être précédée ou succédée de celle du musée. Cette visite apporte un éclairage sur le contexte de construction du temple, sa place au cœur de la conception que voulais imposer l’empereur Shomu lorsqu’il a décidé d’entreprendre cette construction titanesque. En voulant développer et imposer le bouddhisme qui venait tout juste d’arriver sur l’archipel par l’influence de la Chine, Shomu souhaitant également s’en servir afin d’asseoir le pouvoir impérial dont l’influence était encore faible. Il souhaitant donc également importer le système politique chinois.

La construction de cet espace se trouvait donc au centre de sa vision politique.



Kaisuga Taisha, le sanctuaire shintoïste, et ses environs


Ma partie préférée de la journée !


Pour rejoindre le sanctuaire, on traverse une forêt de hauts conifères, entouré bien sûr de daims. Le chemin est large, agréable et les gens moins nombreux qu’aux alentours de Todai-ji. Apparaissent une à une quelques lanternes en pierre bordant le chemin. Plus ou moins couvertes d’une mousse verte qui inviterait presque à la sieste, elles se fondent parfaitement dans le décor. Se rapprochant du sanctuaire, tels des champignons, elles se multiplient pour bientôt prendre la place des arbres et constituer elles mêmes la forêt.


L’ambiance est paisible. Féerique. Envie de quitter le chemin, se faufiler dans la première brèche venue et marcher jusqu’à s’y perdre.


Puis survient tout à coup le rouge vermillon du torii, cette porte japonaise indiquant l’entrée du lieu sacré. Une petite ascension et nous voici au sanctuaire. A l’interieur, toujours des lanternes, mais en métal, reflets de bronze et d’or, alignées, suspendues.


Dans la cour un très large treillis porte une glycine qui, avant d’offrir son ombre aux touristes, a dû voir passer de nombreuses générations de croyants peut être plus enclins à la méditation.


Ici aussi le temps s’est arrêté. Le rouge et l’or fascinent.


On voudrait pouvoir se perdre dans la contemplation des détails si fins portés par chacune de ces lanternes.

Les petits sanctuaires, dédiés à des divinités dont je ne peux lire le nom, dégagent une atmosphère paisible, ordonnée, naturelle.


La sortie du temple offre un choix, redescendre vers les cerfs ou continuer plus loin dans la forêt d’arbres-lanternes.


Je n’entends bientôt plus que mes pas dans les graviers du chemin qui se mêlent au bruit de la forêt. D’autres sanctuaires, plus modestes ponctuent mon ascension. Mais ceux-ci ont la saveur toute particulière de ne s’offrir qu’à mon seul regard.


Je m’arrête et me laisse envahir de ces lieux si vivants.


Pour consulter l’album photo:

https://julh.travelmap.net/taipeietkansai/photos/j2-nara